Introduction
La croissance d’une entreprise, quelle que soit sa forme, c’est le signe qu’elle va (économiquement en tout cas) bien. Une entreprise dont les KPIs sont au vert peut structurer son développement de différentes façons, l’une d’elles étant le rachat d’autres entreprises.
Cependant, le rachat d’une entreprise signifie que le périmètre d’activités émettrices de carbone s’élargit. Dans ce cas, de nombreuses questions se posent : Comment l’intégrer au Bilan Carbone ? Comment communiquer ? Quid des efforts déjà réalisés et des actions mises en place ? On répond à toutes vos questions dans cet article !
Bien définir son périmètre d’activité pour une entreprise : un intérêt stratégique.
Qu’est-ce que le périmètre d’activité d’une entreprise ?
Le périmètre d’activité pour une entreprise représente l’ensemble des différentes activités qu’elle exerce. Ce périmètre englobe une variété d’activités, qui elles-mêmes englobent des métiers, autrement dit de compétences et des savoir-faire qui permettent à l’entreprise d’être compétitive dans les secteurs sur lesquels elle est présente.
En fonction de l’évolution de la stratégie et de la santé de l’entreprise, celle-ci peut se retrouver face à deux choix :
- Le recentrage : réduire ses activités, et les recentrer autour du cœur de métier de l’entreprise.
- La diversification : étendre son périmètre d’activité, pour asseoir sa position sur un secteur, faire face à la concurrence, améliorer sa maîtrise de la chaîne de valeur…
Bien définir le périmètre de ses activités a donc une importance stratégique pour les entreprises. Cela permet de disposer d’un panorama précis de sa présence sur un marché, et ainsi prendre les bonnes décisions sur la façon de le faire évoluer.
L’évolution du périmètre de l’entreprise influe donc sur ses activités, et par voie de conséquence, sur ses émissions carbones. Dans le cadre d’un recentrage, la manipulation est assez simple : l’entreprise réduit son périmètre d’activité, et ses émissions par extension. Mais dans le cas d’un rachat, comment peut-elle étendre son périmètre, sans gommer les efforts entrepris, tout en gardant une mesure rigoureuse et précise ? Ce sont les questions auxquelles nous allons tenter de répondre ici !
Quel est l’impact d’un rachat sur le Bilan Carbone ?
Tout d’abord, il est important de donner quelques éléments de contexte. L’objectif de cet article est d’aborder l’intégration d’un rachat d’entreprise sur le Bilan Carbone. Cela implique donc, dans un premier temps, que l’entreprise acheteuse sache ce qu’est un Bilan Carbone (ce qu’on vous explique ici !), mais aussi qu’elle en réalise déjà un. En effet, la complexité de la démarche réside dans l’intégration à un bilan existant.
Pour les entreprises souhaitant se lancer dans le calcul de leur Bilan Carbone après un rachat, pour réduire l’empreinte de leurs activités sur l’environnement de façon plus globale, le sujet est le même : il faut être rigoureux, pragmatique, et bien équipé (avec un SaaS comme Traace, par exemple).
Revenons donc au cas de figure qui nous intéresse. Une entreprise, qui réalise déjà son Bilan Carbone, a très probablement aussi établi une trajectoire de réduction, ou du moins a déjà défini des actions de réduction à mettre en place pour jouer sur les principaux leviers d’action. Si cette entreprise, en cours d’exercice, en rachète une autre, cela signifie que ses émissions carbones augmentent, et de facto qu’elle doit se préoccuper de plusieurs points relatifs à la structure de son Bilan Carbone.
Agrandissement de son périmètre
Dans un premier temps, le sujet principal est évidemment l’évolution des activités qui doivent être prises en compte dans le Bilan Carbone. Le rachat d’une entreprise implique le rachat de ses activités économiques (de production, de service), mais également l’intégration de ses immobilisations ou de ses collaborateurs. C’est donc un ensemble d’éléments, au-delà de la simple dimension économique, qui va venir se rajouter à l’existant et impliquer de revoir les indicateurs pris en compte pour le Bilan Carbone et leur importance.
Évolution des actions et leviers de réduction
Nous l’avons évoqué juste avant, un nouveau périmètre fait évoluer les données qui vont être prises en compte dans le Bilan carbone. Cela signifie aussi que les leviers d’action, ou les actions elles-mêmes pourront évoluer.
A titre d’exemple, une entreprise de 100 personnes qui en rachète une de 200 personnes, verra très probablement le sujet des émissions liées déplacements collaborateurs, et de la mobilité en général, prendre une place plus importante dans les discussions sur l’empreinte carbone. Dans ce cas, un plan de mobilité, qui n’était peut-être pas une priorité avant ce rachat, peut devenir un levier d’action important.
Au-delà de cet exemple, on peut également parler des actions déjà mises en place. Des actions de réduction définies sur un périmètre initial, n’auront pas nécessairement la même incidence et le même impact sur le nouveau périmètre. Il est donc important d’arbitrer, au moment du rachat, sur la pérennité et les suites à donner aux actions mises en place en fonction de leur pertinence.
Évolution de la trajectoire
Enfin, après avoir évoqué les deux points précédents, il est nécessaire d’aborder l’évolution de la trajectoire globale de l’entreprise en matière de réduction d’empreinte carbone. L’évolution du périmètre, des données à prendre en compte et des actions à mettre en place, impliquent nécessairement de redéfinir, ou du moins de réviser la trajectoire carbone de l’entreprise.
D’un côté, l’augmentation du total des émissions signifie qu’il faut revoir la faisabilité des objectifs définis au préalable, pour conserver une certaine cohérence malgré l’extension du périmètre. De plus, l’horizon que s’est fixé l’entreprise pour atteindre ses objectifs peut devenir irréalisable.
Par exemple, une entreprise doit intégrer le rachat d’une autre entreprise peu mature sur les problématiques carbone et très polluante. Dans ce cas, l’ensemble de la politique environnementale est à construire, de la trajectoire aux actions de réduction en passant par la mise à disposition de ressources humaines, financières et matérielles. Le temps passé à construire cette politique influe sur le temps que s’était donné l’entreprise à l’origine, et cela implique de faire évoluer la trajectoire et l’horizon défini pour atteindre ses objectifs.
Comment intégrer un nouveau périmètre dans le Bilan ?
Ça y est, la décision est prise d’intégrer cette nouvelle entreprise, rachetée récemment, au Bilan Carbone. Deux situations existent donc, plus ou moins contraignantes.
Cas de figure « simple »
La première situation à laquelle une entreprise peut être confrontée est celle dans laquelle l’entreprise rachetée dispose déjà de données carbones, fait son Bilan régulièrement, etc. Dès lors que cette entreprise a une base de données structurée, il suffit d’intégrer ces informations au bilan déjà réalisé par l’entreprise, avec pour seule contrainte d’harmoniser la méthodologie. La partie « calcul » est donc relativement simple, et les décisionnaires pourront se concentrer sur l’évolution des actions et de la trajectoire.
Cas de figure « complexe »
Dans cette seconde situation, l’entreprise rachetée ne dispose d’aucune donnée carbone structurée, ou du moins qui ne permet pas de visualiser l’empreinte carbone de l’ensemble de ses activités. Malheureusement, pas de solution miracle.
Il est nécessaire de recalculer l’ensemble du périmètre, étant donné l’impact du rachat sur les activités de l’entreprise acheteuse, pour définir une nouvelle année de référence. Sur le plan méthodologique, c’est la seule option envisageable pour conserver une mesure rigoureuse et limiter les erreurs. C’est également la recommandation qui est faite pour le calcul des Science Base Targets (SBT) : “Triggered target recalculation : Significant changes in company structure and activities, e.g. acquisitions, […]”.
S’adapter en interne et communiquer auprès de ses parties-prenantes : Comment faire ?
Adapter sa stratégie au contexte
Nous l’avons donc vu, l’intégration d’une nouvelle entité modifie la structure de l’entreprise et de son Bilan Carbone. Nous avons également abordé l’impact de ces modifications sur la trajectoire et les mesures mises en place par l’entreprise. A ce sujet, on peut se poser beaucoup de questions : que ce passe-t-il pour les actions déjà mises en place ? Que faire si la somme de mon nouveau bilan efface totalement les efforts de l’année ? En réalité, et comme durant toute la démarche de calcul de l’empreinte carbone, il existe un maître-mot : le pragmatisme.
En effet, il est clair que le rachat d’une entreprise est un processus long, et le calcul du Bilan Carbone peut l’être également (même si beaucoup moins grâce à un SaaS, et on le rappelle ici. Alors, si on combine les deux, il est vraisemblable qu’une entreprise n’ait pas le temps, pour l’exercice N, de recalculer sa trajectoire de réduction, et de reconstruire un plan d’actions complet adapté aux nouveaux objectifs.
Dans ce cas, elle peut décorréler ses analyses. En conservant son périmètre d’origine, cette entreprise peut continuer de valoriser les résultats des actions déjà mises en place. Cela lui permet également de gagner du temps dans la prise de décision sur la trajectoire à adopter avec ce nouveau périmètre.
D’un autre côté, elle dispose de l’empreinte carbone des activités de la nouvelle entité acquise (soit car disponible historiquement, ou alors en la calculant), et peut également agir sur celle-ci. Cette façon de traiter la situation a plusieurs avantages :
- Ne pas se mettre en défaut sur le plan méthodologique : mieux vaut une analyse rigoureuse et exacte sur deux périmètres, en vue de les fusionner à l’exercice suivant, qu’une analyse inexacte, approximative sur l’exercice N.
- Préserver les actions déjà mises en place : Le rachat d’une entreprise témoigne d’une volonté stratégique, mais cette décision ne remet pas en question les actions déjà en place, dont les résultats doivent pouvoir être partagés.
- Gagner du temps : Repousser la fusion des périmètres permet aux décisionnaires de prendre des décisions réfléchies sur la trajectoire future, plutôt que des décisions hâtives sur des calculs qui risquent de l’être également.
Communiquer sur l'empreinte carbone de l'opération
L’autre grande dimension du calcul d’empreinte carbone est la possibilité, pour les entreprises qui font l’effort, de valoriser leurs actions et leur volonté de réduire leur impact sur l’environnement. Pour cela, la communication (bien faite, pas le greenwashing), est un élément fort dans la politique environnementale de la majorité des organisations.
Bien entendu, cette communication n’a de sens que si elle est réalisée sur des chiffres rigoureusement calculés, et des objectifs clairs et atteignables. Sur ce point, il est nécessaire pour les entreprises d’adapter leur discours en cas de rachat d’autres entités et d’évolution des objectifs donnés.
Selon l’interlocuteur (partie prenante financière, partenaire commercial, client…), il est là encore tout à fait possible de communiquer sur les actions en cours et leurs résultats sous différentes formes, ainsi que sur la réduction de l’empreinte carbone du périmètre « historique ». Cela permet à l’entreprise de valoriser ses efforts, dans un contexte où la dimension environnementale devient un sujet stratégique pour les entreprises. Cependant, il est impératif de rester transparent sur les évolutions à venir. Une entreprise ne peut pas occulter indéfiniment l’acquisition qu’elle a faite, et son engagement de performance environnementale passe aussi par une prise de décision rapide sur la façon de faire évoluer ses ambitions.