La stratégie climat : un enjeu business et de compétitivité

La stratégie climat : un enjeu business et de compétitivité

La stratégie climat est devenue un enjeu crucial pour les entreprises, poussées par la réglementation, leurs parties prenantes et les risques climatiques. Il est devenu essentiel d'anticiper cette transition pour parvenir à transformer en opportunité ce qui est encore aujourd’hui perçu comme une contrainte par de nombreux acteurs économiques. Allier stratégie climat et stratégie d'entreprise est vital pour leur pérennité et peut être source de nombreux bénéfices tels que résilience, nouvelles opportunités et avantage concurrentiel.

Thomas Guyot

Thomas Guyot

Co-fondateur

Mise à jour :
22/7/2024
Publication :
27/5/2024

La stratégie climat n’est plus un concept esseulé au sein des entreprises, géré par une équipe sans aucun pouvoir décisionnel. C’est devenu un véritable enjeu. Enjeu face à la pression exercée par les parties prenantes de l’entreprise. Enjeu face à la pression réglementaire. Enjeu à cause des risques que fait peser le réchauffement climatique sur les activités de l’entreprise.

Inutile donc de se voiler la face. Toutes les entreprises vont devoir, à un moment ou à un autre, se lancer dans la définition et le déploiement d’une stratégie climat.

C’est à elles maintenant de savoir si elles souhaitent subir leur transition ou l’anticiper. En faire une contrainte ou bien une force.

La plupart des acteurs économiques sont bien conscients de l’urgence et ont d'ores et déjà mis en place une stratégie climat. Pourtant les objectifs qu’ils se fixent, aussi louables soient-ils, sont rarement atteints.

Non pas que les entreprises manquent d’ambition. Les objectifs sont souvent fixés sur les critères établis par des organismes tiers ou des accords internationaux. Mais ces stratégies souffrent de plusieurs carences. Cela peut-être une inadéquation entre les objectifs fixés et les priorités commerciales de l’entreprise. Cela peut également être un problème d’allocation de ressources, trop faibles ou non optimisées. 

Pour qu’une stratégie climat soit applicable, elle peut et doit répondre à des enjeux business. Elle doit être construite et pilotée de telle sorte qu’elle permette à l’entreprise d’en faire l’un des piliers de son développement actuel et futur.

La stratégie climat, des bénéfices concrets

Opérer une transition de son modèle de développement, ça coûte cher.

C’est en effet souvent le cas. Néanmoins, dans un monde en profonde mutation, c’est inévitable. Mais une stratégie climat ne doit pas être vue comme un coût. C’est avant tout un investissement.

Un investissement qui apporte des bénéfices concrets pour l’entreprise et qui lui permettra de consolider son modèle et de perdurer dans le temps. En la rendant plus résiliente face au changement climatique. En lui dessinant de nouvelles opportunités business. En bâtissant un véritable avantage concurrentiel.

Un accès favorisé aux financements

Les acteurs des marchés financiers sont de plus en plus nombreux à prendre en compte les politiques environnementales des entreprises dans leur stratégie d’investissement. Ce phénomène est amplifié par de nombreuses normes et régulations visant à accentuer la transparence des entreprises en matière financière et extra-financière ainsi que celle des portefeuilles des gestionnaires de fonds.

Au sein de l’Union européenne, c’est le cas de la SFDR et de la taxonomie verte. Deux réglementations qui ont pour ambition de mieux allouer les ressources financières en les redirigeant vers les entreprises et activités ayant un impact positif sur l’environnement. Ces réglementations sont des éléments clés du Pacte Vert pour l’Europe et doivent permettre de financer la transition de l’Union européenne à l’horizon 2050.

Du côté des normes internationales, le score établi par le CDP fait partie des éléments régulièrement exigés et scrutés par les investisseurs internationaux. Il permet d’évaluer le niveau d’engagement d’une entreprise en matière d’environnement au sens large et le sérieux de leur stratégie climat.

L’ISSB enfin, une série de normes extra-financières internationales, a spécifiquement été créée pour répondre aux besoins des investisseurs en matière de transparence des politiques environnementales des entreprises. Il est aujourd’hui considéré comme une référence en matière de reporting extra-financier pour de nombreux pays à travers le monde.

L’objectif est non seulement de favoriser les entreprises ayant pris des engagements forts et s’y tenant mais également d’estimer leur capacité d’adaptation au réchauffement climatique et leur résilience face aux changements que cela va impliquer d’un point de vue économique.

De nouvelles opportunités business

Les investisseurs ne sont pas les seuls à tenir compte de la stratégie climat des entreprises.

Les appels d’offre publics comme privés sont de plus en plus nombreux à intégrer des critères de sélection liés aux engagements climatiques des entreprises. Ces critères prennent des formes variées, de la simple réalisation d’un bilan de ses émissions de GES à un engagement concret pour réduire son empreinte carbone. D’autres, comme la SNCF, mettent en place un prix à la tonne du carbone émis qui vient s’ajouter à la proposition commerciale finale, permettant ainsi de transformer cette donnée extra-financière en donnée financière.

Parmi les critères RSE régulièrement demandés dans les appels d’offre aujourd’hui, nous trouvons :

  • les engagements pris par la marque (trajectoire SBT, note CDP…)
  • l’impact climatique (bilan carbone sur scopes 1à3 minimum)
  • la capacité d’adaptation au changement climatique et le plan d’action
  • les moyens alloués au plan d’action (ressources humaines et financières)
  • la gouvernance : intégration des problématiques RSE dans le processus de gouvernance et pilotage du plan d’action

Engager une stratégie climat permet donc d’anticiper ces demandes, de créer de nouvelles opportunités business voire d’obtenir un véritable avantage concurrentiel.

La prise en compte de critères environnementaux dans les attributions de marché est un phénomène qui ne pourra que s’amplifier avec le temps. Les entreprises, et en particulier les grands groupes, sont soumis à des réglementations de plus en plus strictes en matière de reporting climat, à commencer par la CSRD au sein de l’Union européenne. Ils devront en parallèle réduire leur impact en suivant des objectifs clairs et un calendrier précis. Or, selon le CDP, en moyenne, 75% des émissions des entreprises proviennent de leur scope 3. Pour les réduire, elles devront donc accentuer la pression sur leurs fournisseurs et prestataires. L’objectif étant d’entraîner un effet boule de neige qui poussera tous les acteurs économiques à prendre des mesures en faveur du climat.

Un modèle adapté aux évolutions du marché

Selon une étude menée par Ipsos pour la Commission européenne, en 2022, 56% des consommateurs au sein de l’Union européenne tiennent compte de facteurs environnementaux lors de l’achat de produits ou services. Ils sont même 20% à prendre en compte ce type de critères pour l’ensemble de leurs achats.

Certains secteurs sont plus concernés que d’autres par ces nouvelles exigences, à commencer par celui de l’automobile, connu pour être l’un des principaux émetteurs de gaz à effet de serre.

La prise de conscience des enjeux climatiques s’accompagne de nouvelles exigences des consommateurs et de changements comportementaux structurels dans les habitudes de consommation. De plus en plus d’entreprises sont ainsi la cible de campagnes de lobbying ou de boycott liées à l’impact de leurs activités sur le climat et ce dans tous les secteurs d’activité (agroalimentaire, textile, transport, tourisme…).

À cela, s'ajoutent de nouvelles réglementations nationales et européennes limitant la possibilité pour les entreprises de s’adonner au greenwashing.

Afin de satisfaire à ces exigences, les entreprises doivent souvent innover et repenser en profondeur leur modèle de production et de distribution. C’est l’occasion d’opérer une transition qui ne pourra leur être que bénéfique en leur permettant de construire un nouvel avantage concurrentiel et de s’adapter à un nouvel environnement économique. Trouver les solutions leur permettant de répondre aux besoins de leur client est l’assurance pour elles d’assurer leur pérennité.

Peut-on rentabiliser son plan climat ?

La mise en œuvre d’un plan d’action pour réduire son impact sur l’environnement nécessite forcément des investissements. La première crainte des dirigeants est donc de ne pas être en mesure de rentabiliser ces investissements. Les actions menées en faveur du climat sont donc perçues uniquement comme un coût pour l’entreprise.

C’est l’une des raisons pour laquelle la RSE ne peut plus évoluer seule au sein des entreprises et que ces sujets sont de plus en plus souvent traités en collaboration avec, voire directement par, les directions financières.

Un plan climat, correctement mené, peut se révéler tout à fait rentable. Indirectement de par les nouveaux débouchés qu’il offre à l’entreprise. Directement en permettant une optimisation des ressources ou une modernisation des outils de production.

Un autre indicateur à prendre en compte est le coût de l’inaction. De la même manière, rester dans l’expectative peut nuire directement ou indirectement à la performance de l’entreprise.

Enfin, des arbitrages sont à mener en fonction des ressources disponibles. Si les actions de sobriété sont le plus souvent les moins coûteuses et les plus faciles à mener, elles sont généralement aussi celles qui ont un impact plus faible sur les émissions de GES de l’entreprise. À l’inverse, les actions nécessitant des investissements plus conséquents sont celles qui auront le plus d’impact sur les niveaux d’émissions carbone.

Il est donc nécessaire de mettre en place un pilotage financier de son plan de décarbonation. A l’heure actuelle, selon le CDP, seules 3% des entreprises sont en mesure de fournir des éléments crédibles sur la planification financière de leur transition bas-carbone.

Pourtant une vision financière claire de son plan de transition a de nombreux atouts. Elle permet : 

  • d’établir une trajectoire carbone avec des objectifs et une temporalité clairs
  • de convaincre plus facilement la direction de l’entreprise de la nécessité des actions à mener et d’intégrer les sujets liés au climat dans la gouvernance de l’entreprise
  • de mieux anticiper et allouer les ressources financières nécessaires à la mise en oeuvre du plan climat et ainsi passer à l’action beaucoup plus rapidement
  • d’identifier les leviers les plus efficaces en réalisant un arbitrage entre les coûts et les résultats en matière de réduction des émissions de GES et de potentiels gains financiers

Le module financier intégré à notre plateforme de gestion carbone permet ainsi de modéliser l’impact financier des actions de décarbonation et d’établir des trajectoires claires ainsi que d’avoir une estimation fine des investissements nécessaires pour sa mise en œuvre.

Conclusion

La mise en place d’une stratégie climat doit être vue comme une opportunité pour les entreprises. C’est d’ailleurs souvent un processus essentiel pour assurer la pérennité de leur activité.

La clé est de réconcilier les données financières et carbone. Et pour cela, il est nécessaire, avant toute chose, d'aligner sa stratégie climatique et sa stratégie d’entreprise. Une mesure carbone rigoureuse couplée à une analyse financière permet d’identifier et de déployer des actions à fort impact pour la décarbonation.

Les entreprises qui dureront dans le temps ont compris aujourd’hui qu’il fallait mettre au même niveau la stratégie business et la stratégie climat de l’entreprise.

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