Le reporting climat ne doit pas être un frein à l’action concrète

Le reporting climat ne doit pas être un frein à l’action concrète

Les reportings extra-financiers sont au cœur des préoccupations des entreprises, notamment avec la montée en puissance de la CSRD. Perçus comme chronophages, ils représentent pourtant une opportunité. Bien menés, ils peuvent devenir le socle d'une stratégie climatique efficace, marquant ainsi le début d'une gestion proactive des enjeux ESG.

Thomas Guyot

Thomas Guyot

Co-fondateur

Mise à jour :
22/7/2024
Publication :
29/3/2024

Les reportings extra-financiers sont devenus le centre d’attention de nombreuses entreprises, CSRD en tête. Les équipes chargées de compléter puis publier ces rapports font souvent état de l’aspect chronophage de l’exercice, qui se fait, selon elles, au détriment du développement d’actions concrètes en faveur de l’environnement.

Ces reportings ne doivent cependant pas forcément être vus comme une contrainte. Correctement menés, ils peuvent devenir les fondations d’une stratégie climat efficace et générer de nombreux bénéfices pour les entreprises.

Les reportings extra-financiers : une épine dans le pied des entreprises ?

L’apparente complexité de la CSRD en a fait l’objet d’une levée de boucliers de nombreux acteurs économiques. Et, en effet, ce nouveau modèle de reporting applicable à plus de 50 000 entreprises actives au sein de l’Union européenne a, de prime abord, tout pour effrayer.

Pour rappel, la CSRD c’est : 

  • 12 ensembles de normes de reporting, les fameux ESRS
  • plus de 1 100 data points
  • des calculs d’incertitude justifiés pour chaque donnée renseignée
  • la publication d’un plan d’action climatique complet
  • l’obligation de fournir des objectifs, trajectoires et plan de financement des actions engagées
Liste des obligations liées à la CSRD

Elle traite de sujets aussi variés que l’empreinte carbone, la biodiversité, la pollution, les ressources en eau, la politique de gouvernance de l’entreprise, la force de travail, l’impact de votre activité sur votre chaîne de valeur…

Et l’exercice doit être répété chaque année. Aucune surprise donc que nombre de directions RSE et financières y voient une version moderne du mythe de Sisyphe.

Comment donc s’emparer du sujet sans pour autant sur-mobiliser vos équipes et transformer ce reporting ESG en usine à gaz ?

La CSRD - un modèle pensé pour mener à l’action concrète

Ce qui a tendance à effrayer les directions RSE n’est pas tant le nombre de cases à remplir dans le cadre de ce reporting annuel que le manque de données, ou l’absence de données de qualité.

De nombreuses entreprises ont déjà mis en place des procédés de mesure de leur empreinte carbone sur leurs scope 1, 2 et 3, volet le plus important de la CSRD. Cependant, les calculs d’incertitude, l’exposé des plans de transition, leur modélisation financière ou la mesure de l’impact attendu sont des questions auxquelles très peu d’entre elles sont aujourd’hui capables de répondre.

Et c’est tout à fait normal.

La première année de reporting sera forcément une année test nécessitant structuration et itérations.

Le principe même de ce rapport extra-financier, et c’est peut-être sur ce point que la communication a flanché, est de faire changer d’état d’esprit les entreprises. Il s’agit justement de quitter le simple reporting ESG pour passer à un système de management de la donnée ESG.

Ce management s’organise en plusieurs étapes : 

  • Identifier les sources de données
  • Collecter la donnée
  • Traiter et transformer cette donnée
  • L’organiser au niveau le plus granulaire possible
  • L’analyser
  • La reporter
  • L’exploiter
Système de management de la donnée dans le cadre d'une stratégie climat

La CSRD fournit ainsi aux entreprises le modèle permettant d’avoir une vision d’ensemble de leurs données ESG, de les piloter et de structurer des plans d’actions tangibles.

Cette structure doit permettre à terme de mener des plans d’actions concrets et surtout, elle pousse les entreprises à faire l’effort;  l’effort d’avoir une vision à long terme, l’effort de se fixer des objectifs concrets et mesurables et enfin l’effort de financer ces actions.

S’équiper pour passer le cap du reporting

La nomenclature proposée par les différents standards de reporting extra-financiers a rendu obsolète l’usage du “simple” tableur Excel qui, des années durant, à fait figure d’outil de référence pour mesurer son empreinte carbone. Celui-ci limite les possibilités d’analyse et surtout n’est pas la solution la mieux adaptée pour faire le lien entre votre collecte de données et la mise en place d’une trajectoire de réduction d’impact.

La première étape essentielle avant de se lancer dans la publication d’un rapport extra-financier et in extenso dans un plan d’action est de s’équiper avec l’outil adéquat. C’est la condition sine qua non pour vous approprier les données collectées et les utiliser de manière efficiente.

Cet outil devra être en mesure de vous aider à : 

1 - Collecter les données ESG de toute nature

Il faut un système de collecte flexible, en mesure de récupérer la data sous différents formats et via des sources diverses (API, fichier Excel, envoi de questionnaires…) compte tenu de la provenance variée de ces données.

2- Processer la data

La solution devra permettre de traiter la donnée brute en entrée pour l’intégrer dans votre base de données ESG. Ce processus est unique et complexe dans le cadre de la RSE car cette donnée doit souvent faire l’objet d’hypothèses de calcul, d’extrapolations…

À cette complexité s’ajoute l’impératif de traçabilité de ces hypothèses; nécessaire pour vos équipes qui traiteront ces données et leur évolution année après année; nécessaire pour les auditeurs qui viendront consulter vos rapports extra-financiers (ce qui est obligatoire dans le cadre de la CSRD).

3 - Analyser la donnée

Une fois la donnée traitée, l’outil doit vous permettre de l’organiser et l’analyser de la manière la plus granulaire possible. Pour le CO2, ce seront les différentes sources d’émissions qui doivent pouvoir être rapportées au pays d’origine, au site concerné, au produit conçu… 

Plus cette granularité sera fine, plus votre analyse sera pertinente et plus vous pourrez élaborer des plans d’actions permettant d’agir concrètement sur les différents indicateurs ESG.

4- Modéliser des plans d’action

La solution choisie doit idéalement vous permettre de réutiliser cette donnée pour modéliser vos différents plans d’actions. Elle vous permet de vous fixer des objectifs, une timeline et de mesurer l’impact que tel ou tel changement aura sur vos émissions de gaz à effet de serre ainsi que ce qu’il représente en termes d’APEX et de COPEX.

Une fois toutes ces informations centralisées dans l’outil, il suffit de les extraire dans un format compatible avec les normes fixées par votre reporting extra-financier. Ne resteront plus que les questions qualitatives à compléter.

La CSRD ou tout autre standard ne sont donc plus que des fonctionnalités additionnelles dans un système de data management des données ESG.

Passer du reporting à l’action concrète - les équipes opérationnelles aux commandes

Le cadre imposé par la CSRD a donc un objectif sous-jacent. Vous mettre en ordre de marche pour implémenter une stratégie ESG.

Vous disposez : 

  • d’une structure de collecte
  • de données de qualités
  • d’objectifs à horizon fixe
  • d’une estimation des impacts attendus
  • de perspectives financières

Il suffit donc d’organiser cet ensemble pour identifier les leviers d’action les plus “rentables”. Quels sont les efforts nécessaires (structurels, humains, financiers…) pour quel résultat attendu ?  Votre plan dépendra des arbitrages que vous aurez pu mener à l’aune de cette réflexion.

En termes d’organisation, ces actions ne sont pas pilotées par les directions RSE. Ce sont bel et bien les opérationnels qui sont aux commandes. Là aussi, le changement d’état d’esprit est nécessaire. Tout le monde doit être impliqué pour que la mise en œuvre soit effective. La direction RSE définit et transmet les grandes orientations de la transition environnementale de l’entreprise.

Elle récupère les données à tous les niveaux de l’entreprise, les consolide pour avoir une vision globale du groupe, définit les objectifs et accompagne les opérationnels dans la mise en œuvre des actions permettant de les atteindre.

Une fois ces actions implémentées, les données mises à jour remontent de nouveau à la direction RSE, lui permettant, année après année, d’enrichir son reporting CSRD et d’ajuster les actions en fonction des objectifs à atteindre.


La CSRD vous permet ainsi de mettre en place un cercle vertueux qui s’appuie sur un système solide de management de la donnée ESG. Cette approche, longtemps vue comme une contrainte, est finalement plus qu'un mal nécessaire à court terme, mais un véritable tremplin, permettant le développement d’actions concrètes et l’atteinte de vos objectifs à moyen et long terme.

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